South Pacific crossing
Bonjour amis croisiéristes !
Je me lance à nouveau dans la rédaction de ce récit de croisière avec le même enthousiasme que mes précédentes envolées écrites sur ce merveilleux forum. J’espère pouvoir vous relater, le plus fidèlement possible les nombreuses aventures qui se succéderont tout au cours de ces quelque 22 jours sur l’océan Pacifique, à destination de Vancouver.
Que ceux et celle qui apprécient mes commentaires me suivent et profitent de ce moment pour tâcher de se mettre dans mes bottines, ne serait-ce que pour un court moment dans votre journée.
Mes envois seront sporadiques, car sur les 22 jours à venir je n’aurai malheureusement pas l’occasion de poster quotidiennement sur le MDC. Beaucoup de jours en mer (15) et seulement sept escales de prévus dont la dernière à Honolulu, cinq jours avant le débarquement à Vancouver, terre de nos aïeux.
Pré-Cruise et Vol vers Sydney
Onze heures quinze minutes en ce jeudi 16 avril, la cloche annonçant la fin des cours vient de sonner et je me sens comme l’écolier qui partira dans quelques heures en «grandes vacances» à la découverte de nouveaux horizons…
Je monterai à bord d’un Boeing 777 d’Air Canada qui devrait me mener à Sydney sans encombre, si l’un des commandants (on ne dit plus pilotes depuis des lunes) ne se révèle pas trop dépressif et décide comme ça tout d’un coup de nous diriger droit vers le Pacifique à la vitesse de 1000 pieds à la minute comme ce fût le cas récemment (24 mars dernier) à bord d’un vol Barcelone-Dusseldorf.
Coup de chance ! Il semble que les deux équipes qui devaient nous mener à destination avaient passé une agréable semaine et que leur moral semblait au-delà de toute anicroche fatale.
Un vol sans histoire (comme il en arrive dans 99,9% des cas) et une traversée aussi douce que la surface d’un lac sans vent, que sur la peau d’un bébé naissant.
Par contre, les cuisiniers qui nous ont préparé les repas sur ce vol devaient sans aucun doute être trèèèèèèèèèèèès moroses, car ce fût dégueu (scuzez du terme ici) sur toute la ligne. Un bœuf Strogannoff qui ne devait sans doute pas paître dans les meilleures conditions et qui aurait pu porter toute autre appellation tellement je cherchais le russe en lui. Accompagné de pâtes qui n’auraient pas passé le test même dans un CLSC tellement elles étaient fades et sans corps, de la bouillie moulée probablement en forme de tortillon censée représenter un quelconque tortellini. Ouache ! Ça fait mal. Et comme le dirait sans doute le grand chef Jean-Luc Boulé : «on cherchait profondément l’origine du produit»…
Puis vinrent les crêpes. Là encore une pâte indigeste, noyée dans un «coulis» (moi j’appellerais ça plutôt un «câlisse») de framboises, à moins que ce ne soit des fraises, car même la couleur, irradiant le rouge hyper non naturel (sic), ne parvenait pas à me convaincre que ce que je mangeais à l’instant avait poussé dans un champ de l’île à Félix. Mais plutôt quelque part dans le sous-sol d’une usine désaffectée de déchets radioactifs qu’on cherche à cacher le plus loin possible de la civilisation.
Un équipage somme toute enjoué, qui, encore une fois, cherchait difficilement dans le tiroir de la langue française pour nous faire comprendre quoi que ce soit. Du genre : «la commandante est teurouuuuse de vousse accueilliiiiiiiiiiir à borde de sonne avionnne»…
Oh là là ! Molière doit se retourner perpétuellement dans son cercueil en entendant de tels propos chichement énoncés par certains agents de notre transporteur national. De quoi virer péquiste pour le reste de ma vie

Sydney, ou au royaume des marsupiaux triomphants.
Après quelque 22 heures de vol, il ne me restait plus que le tiers d’un accoudoir et la moitié de mon coussin de sauvetage tellement l’envie de fumer me travaillait le cerveau. Vous savez, c’est comme si on demandait à Tiger Wood de passer trois heures les mains liées dans le dos et les yeux bandés (!) dans un bar de danseuses cochonnes (sic). Inhumain mais réalisable avec un peu de volonté et quinze paquets de Nicorette extra-forte à mâcher comme un bœuf Stroganoff broutant sur le bord de la 20 et empreint à une profonde dépression nerveuse, un peu comme notre pilote du début de mon commentaire. Comme les choses finissent par se rabouter, n’est-ce pas ?
Soixante dollars plus tard, j’arrive à mon hôtel, le très chic Marriott Sydney Harbor, à deux pas de Circular Quay et de l’iconique Opera House et du pont dont j’ai oublié le nom.
Ostie que c’est cher l’Australie ! Vingt-trois dollars, un paquet de clopes. Sept dollars, un café. Trente-huit dollars un petit-déjeuner buffet (quoique très complet), ça vous vide le portefeuille mes amis…
Soyons bons et admettons que le peu que j’ai vu ici me permet de croire que les Australiens sont fort accueillants et fiers de leur héritage, de leur passé entaché jadis par la présence de prisonniers britanniques que l’on expatriait le plus loin possible de Sa Majesté la reine qui n’en avait que pour ses affreux corgis et que pour ses sorties de chasse à courre dans les boisés anglais. Un peuple de rigoureux personnages taillés à la scie à chaîne et s’abreuvant de mauvaise bière, de bagarres interminables et de tournois de boomerang organisés par des taulards en peine et en manque de femmes à abreuver de mots doux. Mon doux ! Ouuuuh ! En contrepartie, curieusement (?), dites-moi donc pourquoi j’ai l’impression que tous les agents de bord masculins qui m’ont servi entre Vancouver et Sydney auraient aimé passer quelques nuits dans les arides prisons australiennes. C’est une autre histoire…
On annonçait de la pluie pour les deux jours que je suis resté à Sydney et nous avons eu droit à tout le contraire… Wow ! Soleil mur-à-mur. La ville est magnifique et les Australiens se dirigent lentement mais sûrement vers un hiver (!) austral où les températures minimum en moyenne frôleront les cinq degrés Celsius à leur plus froid, à Sydney. Pauvres eux autres…
L’avant-midi de mon départ, je me suis promené le long de la voie bétonnée qui longe Circular Quay jusqu’à l’Opera House et du Jardin botanique. J’ai aussi poussé ma visite en direction du Rock, un quartier touristique soit, mais suffisamment dépaysant pour ne pas regretter ce début de voyage. Entre une bière pression à sept dollars et un cornet deux-boules à huit dollars, j’ai passé ici de merveilleux moments et aussi bien vous dire que je reviendrai un jour si la Vie m’en redonne l’occasion. Mais avant tout, espérer une carte de crédit Platimum Extra toppée à dix milles dollars me rapprocherais un peu plus de ce rêve éhonté, ce désir de voir le Monde comme vous toutes et vous tous d’ailleurs, passionnés que vous soyez de la mer et du voyage peu ordinaire que nous offre la formule croisière.
Bons vents et au grand plaisir de vous relater la suite de mes rocambolesques aventures.
Holacanada sera sur le Veendam en juillet prochain.