Le mercredi 27 août 2003
Photo PC
Le groupe Carnival, qui accapare plus de 70 %
des parts du marché mondial de la croisière,
a commandé 25 nouveaux paquebots, dont la
majorité sont des villes flotantes.
Les compagnies de croisières voient grand
André Désiront
collaboration spéciale, La Presse
«Environ 125 millions de Nord-Américains prennent des vacances chaque année et, de ce nombre, seulement huit millions font une croisière, alors qu'il y en a 40 millions qui vont à Orlando et 38 millions à Las Vegas», dit Maurice Zarmatti, vice-président aux ventes de la plus importante compagnie de croisières au monde, Carnival. «Notre objectif est clair: nous voulons rattraper ces deux destinations et, même, les dépasser.»
Le groupe qui, avec ses filiales (Princess Cruises, Holland American, Costa...) accapare plus de 70 % des parts du marché mondial de la croisière, se donne les moyens de réaliser ses ambitions. Il a commandé 25 nouveaux paquebots, dont la majorité sont des villes flottantes de 110 000 tonnes qui accueillent 3000 passagers et coûtent 450 millions de dollars US pièce.
«Ce sont des investissements considérables qui n'ont pas été décidés à la légère», assure M. Zarmati. «L'automne prochain, nous lancerons même trois paquebots de 175 000 tonnes- un pour Carnival, un pour Princess et un autre pour Holland America. Mais nous estimons que le volume annuel de passagers des compagnies de croisières, qui est actuellement de huit millions, grimpera à 10 millions dans deux ans et à 20 millions dans 10 ans. À Las Vegas aussi, ils tablent sur un taux de progression phénoménal, puisque là-bas, les hôtels poussent comme des champignons.»
Plusieurs raisons justifient le fait que les compagnies font construire des paquebots de plus en plus gros. Carnival cible le voyageur «moyen», c'est-à-dire le plus grand nombre. Maurice Zarmati aime dire que ses croisières s'adressent aux «jeunes» qui ont entre 5 et 95 ans. Pour plaire au plus grand nombre, il faut être en mesure d'assurer une variété de services et de distractions: restaurants nombreux, équipements sportifs, bars, discos, spectacles, casino... Pour cela, il faut des mastodontes flottants. Mais il y a aussi une question de rentabilité.
«Nous gagnons beaucoup plus d'argent avec de gros navires qui s'adressent au consommateur moyen, explique M. Zarmati. C'est une question de quantité et de production. Si vous exploitez une usine Ferrari, vous aurez beau vendre vos bolides 250 000 $ pièce, vous ne ferez jamais autant d'argent que Ford qui vend ses voitures 10 fois moins cher. D'abord, parce que vous en vendez beaucoup moins. Ensuite, parce que le client est plus exigeant s'il paie cher. Or, les exigences élevées sont très coûteuses à satisfaire.»
Les prix ont tendance à diminuer, ce qui contribue à attirer un plus grand nombre de consommateurs. Ces baisses de tarifs doivent, cependant, être prises avec un grain de sel. Les compagnies de croisières, qui déclarent des profits mirobolants, compensent le manque à gagner en demandant un prix plus élevé pour les services à bord. Le verre de bière qui, il y a quelques années, était d'environ 1,50 $, coûte aujourd'hui 4 $ US. Les bouteilles de vin les moins chères se vendent entre 22 $ et 25 $ US, à la salle à manger. Et les excursions sont très chères. À tel point que les agents de voyages avisés recommandent à leurs clients de s'organiser avec des chauffeurs de taxi, sauf, naturellement, dans des destinations réputées «dangereuses».
Depuis deux ans, de plus en plus de croisières se vendent à la dernière minute. «Nous enregistrions des réservations 35 ou 40 jours avant le départ, ce qui, dans le domaine des croisières, est considéré comme la dernière minute», souligne Pascal Bélanger, directeur des opérations du grossiste Tours Maison. «Mais on commence à assister à un rétablissement, ce qui est de bon augure, car cela va stabiliser le marché. Le glissement vers la dernière minute est une très mauvaise chose pour les croisières, car on a beaucoup de difficulté à trouver les bons vols pour transporter les passagers à Miami ou dans les autres ports d'embarquement.»
Depuis le milieu des années 90, 75 % des cabines des nouveaux paquebots disposent de balcons et les cabines intérieures ne représentent plus qu'une faible proportion de l'inventaire. «Cela n'a pas fait grimper les prix outre mesure. Pour une croisière standard, la différence n'est que de 100 $ entre une cabine extérieure avec balcon et une cabine sans», dit Maurice Zarmati.
Pourtant les Québécois sont peu nombreux à réserver des cabines avec balcon. «Ils en rêvent tous, mais l'essentiel des réservations porte encore sur des cabines intérieures», remarque Guy Bergeron, directeur de l'agence Croisières pour tous, à Laval. «Même si les cabines avec balcon ont des prix raisonnables, nos clients préfèrent dépenser leur argent pour d'autres choses.»
http://www.cyberpresse.ca/voyage/articl ... 8249.shtml
Jacques
Bonne croisière 
