[align=right]Le lundi 15 novembre 2004[/align]
Transport aérien
Le prix à payer pour dormir en avion
Photo : Singapore Airlines
C'est surtout la distance entre l'emprise des sièges qui fait la différence, c'est-à-dire l'empattement. Chez Singapore Airlines, elle est de 78 pouces en première classe, et de 64 pouces dans la cabine «affaires».
André Désiront
collaboration spéciale, La Presse
Un billet en classe affaires sur un vol long-courrier coûte en moyenne quatre fois plus cher qu'en classe économique. Et pour voyager en première, il faut généralement compter 60 % de plus que pour voler en classe affaires. C'est le prix du sommeil en avion.
La différence vaut-elle le coup? Réussit-on vraiment à dormir dans ces fauteuils que les compagnies aériennes, dans leur jargon, désignent sous le nom de « sièges à haute contribution », parce qu'ils rapportent beaucoup plus d'agent qu'un siège de la classe économique?
Passons rapidement sur la question du service. En classe affaires on sert généralement du champagne et des vins de la qualité des crus bourgeois du bordelais, alors qu'en première, le champagne est millésimé et on propose des grands crus. Naturellement, le rapport agent de bord/passagers est beaucoup moins élevé, les écrans individuels sont plus grands (en admettant que toutes les classes économiques soient pourvues d'écrans individuels, ce qui n'est pas toujours le cas) et le choix de films et de jeux vidéo beaucoup plus intéressant.
Restent le siège et l'espace pour les jambes, les principaux facteurs qui incitent les grandes entreprises à payer la classe affaires à leurs cadres qui traversent l'océan. Les entreprises veulent que leurs employés puissent dormir de manière à avoir l'esprit alerte lorsqu'ils se présenteront à la réunion pour laquelle ils font le saut jusqu'à Francfort ou Singapour.
La largeur du siège ne varie pas beaucoup. Elles est en général de 18 pouces dans toutes les classes économiques du monde (dans le transport aérien, on calcule encore en pieds et en pouces), alors qu'elle atteint 20 pouces en classe affaires et jusqu'à 23 pouces (mais c'est rare), dans certaines premières classes. Ce sont les accoudoirs beaucoup plus larges qui donnent une impression de largeur. C'est surtout l'empattement (le « pitch » en jargon de l'industrie), c'est-à-dire la distance entre l'emprise des sièges qui fait la différence. Dans les classes économiques des compagnies régulières, l'empattement varie généralement entre 30 et 32 pouces. Sur les compagnies de vols nolisés, on parle plutôt d'un empattement de l'ordre de 28 à 30 pouces, ce qui ne laisse aucune place pour étendre les jambes.
Dans les classes affaires traditionnelles, l'empattement moyen se chiffrait à 45 pouces. Aujourd'hui, les transporteurs, qui se livrent à une surenchère pour séduire la clientèle, équipent leurs classes « à haute contribution » de fauteuils-lits qui se déplient à 180 degrés.
Les études ont démontré qu'une forte majorité de gens dormaient sur le côté, voire sur le ventre. Or, même s'il est étendu dans un fauteuil très confortable qui s'incline très profondément- à 160 degrés, par exemple- le passager qui dort sur le côté ressent au niveau des genoux et des hanches une pression qui l'empêche de sombrer dans un sommeil profond.
Chez Singapore Airlines, qui a réaménagé ses avions il y a trois ans, les sièges de la nouvelle première classe disposent d'un empattement de 78 pouces (soit 1,98 mètres). Dans la cabine « affaires », l'écartement entre les fauteuils est de 64 pouces (1,63 mètres). Ce qui correspond aux nouvelles normes de l'industrie. Comme l'empattement est plus réduit dans les classes Affaires, le fauteuil-lit conserve un angle d'inclinaison par rapport au sol. Comme si on dormait sur un terrain en pente!
Reste le prix, maintenant. Les tarifs mentionnés dans le tableau ci-haut sont fournis à titre indicatif. Il s'agit des tarifs « publics » des transporteurs mentionnés. Ils ne tiennent pas compte des promotions ponctuelles ni des tarifs que les agents de voyages obtiendront chez les consolidateurs (les grossistes en billets d'avion).
Ainsi, au moment où nous avons fait notre recherche, on pouvait obtenir un Montréal/Paris avec Air France pour environ 610 $. De la même manière, on nous a proposé un billet aller et retour pour Athènes avec la compagnie tchèque CSA pour 910 $, soit à six fois moins cher que le tarif mentionné dans le tableau, qui est un tarif « sans restrictions » (on peut annuler sans pénalité, changer ses dates et rester à destination pendant un an).
La complexité de la tarification aérienne est un véritable casse-tête pour les agents de voyages. Ainsi, la compagnie australienne Qantas publie 43 tarifs différents sur la route Montréal/Sydney, soit deux en première, deux en classe affaires et 39 en classe économique, selon les saisons, les jours de la semaine, le niveau de restrictions et le nombre de jours que durera le voyage.
Encore ces chiffres ne tiennent-ils pas compte des tarifs que l'agent de voyages pourra dénicher chez un consolidateur. Normalement, le billet pour Hong Kong se vend 2600 $ en classe économique, mais on nous en a proposé un à 1130 $ avec Japan Airlines. Même dans les classes « à haute contribution », on obtient des prix dits « de consolidation ». Nous avons trouvé des tarifs très intéressants pour Tokyo avec Philippine Airlines: 3243 $ en classe affaires (contre 8346 $ au prix habituel) et 4643 $ en première (contre 15 697 $). Et on pourrait multiplier ces exemples!
Source: http://www.cyberpresse.ca/voyage/articl ... 842380.php
