[hr]
[align=right]Le jeudi 23 juin 2005[/align]
Photo François Roy, La Presse
Idéalement, il faut choisir la carte postale selon les goûts
ou les intérêts de son destinataire.
Des conseils pour écrire des cartes postales
Stéphanie Bérubé
La Presse
«Tu aimerais tant la plaza sur la carte, tante Jane. Elle ressemble à celle où tu nous avais amenés, Henri et moi, lorsque nous t'avons rendu visite dans les années 80. Et le chocolat chaud du restaurant du coin est presque aussi bon que le tien!»
L'espace a beau être restreint, plusieurs voyageurs attrapent le syndrome de la carte blanche au moment d'écrire leur message dans le petit carré d'une carte postale.
«Pensez au destinataire», dit Gordon Burgett, auteur du Travel Writer's Guide qui citait l'exemple de la plaza et du chocolat chaud.
Sans tomber dans les souvenirs lointains, on peut simplement écrire selon les intérêts du destinataire. Un amateur de voile sera heureux de connaître des détails sur le port de l'endroit; un amateur d'art, sur ses musées. Plutôt que de tenter de raconter le voyage au grand complet dans un petit carré, expérience frustrante, mieux vaut se concentrer sur une seule activité ou une simple petite anecdote.
«Les cartes postales doivent être agréables à écrire pour le voyageur et agréables à recevoir pour le destinataire», affirme Peat O'Neil, auteure du livre Travel Writing, dans lequel elle donne des conseils aux journalistes de voyages ou à ceux qui voudraient le devenir. «Plutôt que d'essayer de décrire tous les endroits visités, concentrez-vous sur une seule scène ou un seul personnage.»
Peat O'Neil suggère même aux auteurs de cartes postales en panne d'inspiration d'y aller d'une petite esquisse. «Peut-être un dessin de vous-même en train d'écrire une carte postale dans un café», dit-elle.
Les descriptions sensorielles sont pratiques. La paella goûtait juste un peu le safran; ça sentait la lavande dans le marché public; le choeur de l'Église chantait affreusement faux. «Décrivez les sons que vous entendez ou la sensation du vent qui souffle», précise Peat O'Neil.
À chacun sa carte
Le journaliste et auteur Jack Christie, membre de la Société des auteurs de voyage américains, adore les cartes postales. Il aime les écrire et les envoyer, car elles lui permettent de visiter les bureaux de poste étrangers. Des expériences souvent surprenantes, dit-il.
Et il aime recevoir des cartes postales. Depuis 30 ans, il conserve toutes celles qu'on lui envoie, tel un journal. «Parfois, je ressors de vieilles cartes, et j'en reparle à mes amis qui les ont écrites, raconte-t-il. La plupart du temps, eux-mêmes ne s'en souviennent plus!»
Christie conseille de choisir les cartes postales avec soin, telles des pièces de collection, selon le destinataire. De ne pas acheter n'importe quoi pour n'importe qui.
Et il suggère aussi d'ajouter un petit mot ou une expression dans la langue locale. Mais surtout, prévient-il, il faut éviter les clichés du type «il fait beau, nous nous amusons follement, les paysages sont merveilleux».
«On voyage pour voir les différences du monde, dit-il. Ça serait dommage de toujours écrire la même chose!»
Guillaume Vigneault, auteur de Chercher le vent et Carnet de naufrage, est aussi un amateur de cartes postales et prend plaisir à en écrire. Voici ses conseils.
> Évoquez le voyage intime, ne décrivez pas le voyage géographique.
> Soyez parfaitement subjectif; tout le reste peut se trouver dans un guide touristique.
> Ne vous plaignez pas du climat ou des prix, ou si vous le faites, soyez drôle.
> Pensez sensations, ambiances, imprévus; tout ce que vous risquez d'avoir oublié dans dix ans.
> Tenez-vous en à quelques phrases, ne soyez pas explicatif; laissez votre correspondant en appétit.
> Une carte postale est un instantané; n'en faites pas un diaporama.
> Signez d'une initiale débonnaire, vous aurez l'air détendu.
http://www.cyberpresse.ca/voyage/articl ... 1771.shtml
